Cigar Journal – guide de la dégustation

Nous avons conçu un journal simple pour vous aider à consigner vos expériences de dégustation.

Notre principal conseil est de faire confiance à votre instinct et de vous laisser guider par vos émotions. L’ensemble de vos perceptions reposera avant tout sur votre propre “palais des sens”. Vous utiliserez vos cinq sens pour apprécier (ou non) pleinement chaque moment de dégustation.

L’odorat représente jusqu’à 80% des informations perçues lors de la consommation d’un aliment (Murphy et al. 1977) ou d’un cigare. Par exemple, l’odeur d’un café chaud le matin que l’on devine depuis une autre pièce, puis dont les arômes se renforcent quand on le porte à ses lèvres.

C’est pourquoi les arômes et les saveurs jouent un rôle crucial dans la dégustation, bien que les autres sens ne doivent pas être négligés.

L’aspect visuel de la couleur de la cape, le toucher de ses nervures ou son aspect lisse, sa couleur, son tirage à cru, le crissement sonore du tabac lorsque vous l’allumez : chacun de vos 5 sens seront sollicités.

En attendant, plongez dans ce guide, dont l’objectif est simplement de vous aider à conscientiser les étapes intuitives de la dégustation par les 5 sens, tout en gardant une idée en tête : le voyage vous appartient et vous seul êtes l’expert de votre “palais des sens”.

Le palais des sens

Cette notion nous vient tout droit du film… Sherlock Holmes 🙂 Avec l’aide du talent de Benedict Cumberbatch, Sherlock a repopularisé le détective, avec son fameux « palais mental« .

Et plus sérieusement, c’est une méthode qui permet de « revisiter » des souvenirs que l’on a con>+°stitué, en prenant un point de départ qui nous permet de reconstituer un moment, un souvenir, une dégustation, une émotion. Elle est appelée la « Méthode des Loci » et sert initialement à mémoriser de longues listes d’éléments ordonnés.

Notre Blue Smokeuse se sert quotidiennement de cette méthode pour mémoriser des goûts, saveurs, senteurs, ressentis. Elle les inventorie dans son « palais des sens ». Cette méthode simple nécessite seulement un peu de concentration, et beaucoup d’entraînement (oh zut :-). Elle se pratique au quotidien, avec tout ce qui vous entoure. Du pain grillé, son odeur, sa texture, le ressenti du café chaud en bouche et l’amertume sur les gencive. Il s’agit d’un entrainement régulier qui vous permettra d’accéder plus facilement à la reconnaissance des aromes et saveurs, et qui vous permettra d’affiner… vos affinités!

Première étape: notez le contexte de votre dégustation

Cela peut paraître basique, mais il est important de noter le contexte de votre dégustation: quel était le lieu, quelle date, quels aspects « techniques » composent le cigare (origine, format etc.). Cela vous permettra, au moment voulu, de vous replonger dans votre dégustation, telle une madeleine de Proust. Très vite, vous allez faire face à des éléments subjectifs, car le « momentum » (moment durant lequel vous avez particulièrement apprécié ce cigare) ou encore la compagnie avec laquelle vous étiez vous notablement influencer votre dégustation. Par exemple, un Davidoff signature aura peut-être un goût moins agréable après une dispute avec votre belle-mère qu’au bord d’une plage paradisiaque à Punta Cana. Notez donc le plus d’informations possible pour vous aider à vous repérer dans le temps.

Le visuel

Observez attentivement la cape. Elle vous révèlera deux précieux aspects: sa teinte et l’aspect de la cape. La cape est-elle tendue? Les nervures sont-elles visibles? Est-elle lisse, peut-on y voir des imperfections? Toutes les informations visuelles seront utiles pour une première approche visuelle de la vitole.

On pourra aussi classifier sa teinte, de Claro claro à Oscuro (source de l’image: https://fr.wikipedia.org/wiki/Cigare). Et soyez attentifs aux faux-amis: ce n’est pas parce que le cigare est sombre qu’il est puissant, et vice versa! En apprendre plus ici.

La bague vous sera également utile, notamment pour les personnes plus visuelles, pour se remémorer une dégustation. Cela n’enlèvera rien au soin et à l’esthétique que les producteurs apportent aux bagues, qui portent généralement toutes une histoire. Pour donner un exemple, la bague du West Tampa Attic Series #1 arbore fièrement une chaveta – symbole par excellence des torcedors et de leur travail si minutieux. Sa forme arrondie permet de couper les feuilles de cape des cigares d’un seul coup de lame.

L’aspect de votre fumée sera, lui-aussi, un élément important de votre dégustation. Dense, fluette, bleue, blanche: passez un instant à observer comment se comporte celle-ci.

Le toucher

Passons ensuite au toucher. Eh non, vous n’avez pas encore allumé votre vitole! La cape, sous vos doigts, pourra se révèler rugueuse, douce, lisse, bref: fermez les yeux et laissez votre toucher déceler les subtilités de cet examen.

Un exemple de cape atypique est le CAO BX3, dont la cape est agréablement rugueuse, et raconte à elle seule une histoire.

Pour approfondir l’expérience, laissez vos doigts parcourir la bague. Le choix du papier n’est pas laissé au hasard. Certains ont même poussé le vice un peu plus loin en nous proposant des bagues gaufrées en métal, comme les cigares de la Gamme Royal Return de ADVentura Cigars

Allumons à présent ce cigare et passons à un autre aspect indispensable du toucher. Le tirage. C’est bel et bien le sens du toucher qui entre en scène. Serré, lâche, agréable, parfois malheureusement bouché, il sera un élément capital du plaisir de dégustation.

Le saveurs et arômes

A ne pas confondre, les saveurs la puissance sont deux éléments bien distincts. C’est ici une des étapes les plus ardues et celle qui s’entraîne le plus. Vous pourrez vous amuser à trouver des mots savants et impressionner la galerie. Mais prenons la méthode la plus simple: connectez-vous à votre palais des sens. Ce que vous allez sentir et ressentir sera presque automatiquement lié à un souvenir. Pas nécessairement à un évènement vécu (bien que nous pensons que l’exercice est plus aisé si c’est le cas), mais à une saveur connue. Par exemple, un côté toasté vous rappellera l’odeur du pain grillé. Le côté brioché peut vous rappeler les gâteaux que votre grand-maman confectionnait, ou simplement l’odeur agréable d’une boulangerie.

Un grand nombre de « roue des saveurs » ont été réalisées pour identifier les différentes saveurs. Nous conseillons celle de l’agroscope de la Confédération, dont la roue des saveurs du Whisky peut être utilisée pour la dégustation de cigares.

Celle que nous proposons est une version simplifiée, qui permet de reconnaître les grandes « familles » aromatiques.

La définition de ces arômes sera très utile pour accorder votre cigare avec des boissons ou des mets. Pour en apprendre plus sur les bases des accords, lisez notre article sur les accords.

La puissance

La puissance, quant à elle, sera classifiée grâce à la sensation de chaleur et de piquant qui emplira votre palais. Elle désigne son intensité globale, qui englobe à la fois la force physique et l’impact des saveurs. La puissance d’un cigare provient principalement de trois facteurs :

Le type de tabac utilisé : Le tabac contient de la nicotine, et certaines variétés de feuilles, comme les ligeros (feuilles du haut de la plante, exposées au soleil), sont plus riches en nicotine. Ces feuilles ajoutent de la force à la composition du cigare.

Le vieillissement et la fermentation : Le traitement du tabac joue un rôle crucial. Plus le tabac est fermenté et vieilli, plus les arômes peuvent se développer, mais cela peut aussi atténuer ou intensifier la puissance en fonction du processus.

Le mélange des feuilles (blending) : La combinaison de différentes parties de la plante (les ligero, seco et volado) affecte la puissance. Les cigares composés de feuilles plus fortes auront une intensité plus élevée.

Gardez surtout en tête que le principal,

c’est votre plaisir à fumer un cigare.

Pour aller plus loin